Vous est-il déjà arrivé de vous faire interrompre pour de bon, par quelqu’un en plein milieu d’une intervention orale lors d’une réunion et de ne pas réussir à terminer votre propos ?
Comment faire pour éviter de se faire couper la parole ?
Hey, mais j’avais pas fini de parler… !
Vous avez pris la parole lors d’une réunion stratégique parce que vous aviez une idée géniale à partager… et malgré tout, on vous coupe la parole et vous voyez la discussion s’engager sans vous, en déviant même sans problème du sujet !
Pire, vous avez préparé votre présentation, vous êtes calée sur les chiffres et les arguments choc.
Vous avez préparé vos réponses à toutes les objections auxquelles vous pouviez penser, vous êtes à fond. Et pourtant, sans même que vous ayez eu l’impression d’en donner l’occasion, quelqu’un vous coupe, rebondis sur le sujet et commence à engager un débat avec celles et ceux qui étaient en fait sensés être votre auditoire…
C’est rageant, c’est même parfois décourageant.
On sent que la colère monte à l’intérieur de nous et on ne sait plus bien comment reprendre les choses en main.
On tente un « et si on revenait au sujet de départ ? » qui fait un peu flop… on montre qu’on voudrait reprendre la parole. Parfois on y arrive… et hop, de nouveau on est interrompue.
Rah !
On en vient à se raconter des petites histoires intérieures qui minent notre confiance en nous :
« Est-ce que c’est moi qui manque de charisme ? »
« Je ne dois vraiment pas avoir des trucs intéressants à dire, en fait, si on m’interrompt autant ! »
Et si je vous disais que ce n’est pas (que) de votre faute ? Et si je vous donnais aussi une petite astuce, parmi d’autres, pour limiter le phénomène ?
Le coupable a un nom : le manterrupting
En fait, ces interruptions intempestives rageantes sont d’autant plus fréquentes lorsque l’on est une femme et que la personne qui nous interrompt est un homme… cela a même un nom : le manterrupting.
Je rembobine pour celles qui n’en auraient jamais entendu parler : le manterrupting est la tendance qu’ont beaucoup d’hommes à couper la parole des femmes. Car la parole des femmes est souvent considérée comme ayant moins de valeur que celle d’un homme. Ce phénomène n’est pas récent. Il est même étudié par les sciences sociales depuis 1975, mais il porte un nom depuis que la journaliste américaine Jessica Bennett l’a employé dans un éditorial du Time.
On l’observe dans tous les débats télévisés, en France comme ailleurs. Ce fut très remarqué en 2016 lors des primaires de la Droite pour l’élection présidentielle, par exemple. Nathalie Kosciusko-Morizet a été interrompue 2 fois plus que ses homologues masculins. Ou encore lorsque Veronika Hubeny, éminente physicienne-cosmologiste, n’a pas pu parler plus d’une minute d’affilée lors d’une conférence alors qu’elle partageait la scène avec 5 hommes…
Lors du débat entre les candidat.e.s à la vice-présidence américaine en 2020, c’est Kamala Harris qui en a fait les frais… mais elle a réussi à reprendre l’ascendant avec son désormais célèbre « I am speaking », tout sourire.
Je vous mets le GIF, je n’y résiste pas !
<iframe src= »https://giphy.com/embed/P60bGD3rhwPrCLN5Bf » width= »473″ height= »480″ frameBorder= »0″ allowFullScreen></iframe><p><a href= »https://giphy.com/gifs/cbsnews-election-2020-cbs-news-vice-presidential-debate-P60bGD3rhwPrCLN5Bf »>via GIPHY</a></p>
Avant tout : préparez l’auditoire à vous écouter
Une des astuces que je vous propose aujourd’hui, c’est de préparer votre auditoire à vous entendre en lui disant et en lui montrant le nombre de vos idées. Et ça vaut évidemment aussi bien pour les fréquentes interruptions de la part de ces messieurs que pour celles (moins fréquentes mais bien réelles tout de même) venues de vos collègues féminines !
On est toutes et tous bien plus enclins à écouter quelqu’un, quand on sait où la personne nous emmène et combien de temps cela va prendre.
La preuve : combien de fois avez-vous scrollé un article pour en voir la longueur avant de le lire ? (pas besoin de faire ça ici, j’ai mis un bandeau qui défile en haut de la page qui vous indique où vous en êtes dans la longueur de cet article) ou encore : combien de fois avez-vous regardé le minutage d’une vidéo avant de savoir si vous aviez envie de la regarder ?
2 phrases et 2 gestes gagnants
Préparer mon auditoire, mais comment je fais ça ?
Énoncer le plan de votre prise de parole
Évidemment, vous n’allez pas dire « je vais parler pendant 2 min et 43 secondes précisément ». Déjà c’est impossible, et puis ensuite… vous avez remarqué à quel point ce n’est jamais vrai quand quelqu’un nous dit « je fais vite, j’en ai pour 30 secondes » ?
Il y a plus efficace, avec ces quelques phrases :
« Ce qui vient d’être dit me fait penser à 2 idées que je voudrai vous partager ».
« La première chose, c’est… et puis la deuxième chose que je voulais dire c’est… »
Cette façon de procéder vous permettra de réduire le nombre d’interruptions, car les personnes face à vous savent que vous avez encore d’autres idées à exposer.
Et si, malgré tout vous vous faites interrompre (oui, la recette n’est pas miraculeuse, vous vous en doutez !), le reste de votre auditoire sait que vous aviez autre chose à dire. Vous pourrez donc vous appuyer sur lui pour reprendre la parole plus facilement.
Soit par un « oui, merci, et la deuxième chose que je voulais vous dire… » qui rappellera à tout le monde que vous n’aviez pas fini et les prédisposera à revenir à vous.
Soit grâce à un ou une collègue qui vous renverra la balle « Justine, tu voulais dire autre chose tout à l’heure… ».
Joignez le geste à la parole
Pour prédisposer encore plus vos interlocuteurs à vous écouter, pensez à mimer votre intention, avec vos mains.
Lorsque vous annoncez : « Ce qui vient d’être dit me fait penser à 2 idées que je voudrai vous partager », montrer-le avec vos doigts qui font 2.
Et ensuite en déroulant votre pensée avec « La première chose, c’est… et puis la deuxième chose que je voulais dire c’est… », là encore, en mimant avec une main que vous prenez votre premier doigt levé, puis le second.
La prochaine fois, on vous laissera terminer !
Pour vous convaincre de l’utilité et de l’efficacité de cette astuce simple : observez autour de vous les personnes qui font cela, soit naturellement, soit en l’ayant conscientisé comme vous venez de le faire : elles se font bien moins interrompre ! Les personnalités politiques font ça tout le temps !
Vous voilà armée pour une prochaine réunion (présentielle ou visio, ça marche pareil !).
Moins d’interruption, et une plus grande facilité à reprendre la parole si on vous interrompt. Vous gagnez à tous les coups !
Cela vous fera gagner en confiance en vous (Yes, I can!) ainsi qu’en crédibilité et leadership auprès de vos interlocuteurs et interlocutrices qui vous écouteront désormais davantage.
En avant pour la prochaine réunion
Prête pour votre prochaine réunion ? C’est quoi les prochaines idées que vous allez présenter ?
Si cet article vous a plu, inscrivez-vous pour recevoir le Guide pour oser prendre la parole au bureau ! Vous y trouverez d’autres astuces et conseils pour vos prises de parole au bureau ou dans vos engagements militants !
[…] texte et vous pourrez rebondir plus facilement sans ajouter du stress au stress (et vous trouverez ici quelques conseils pour ne plus se faire interrompre par Fred, la prochaine […]