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mars 20, 2023

La parole des femmes dans les médias

by Maïka Billard

Si je vous dis « parole des femmes et médias » ou « représentation des femmes dans les médias », vous aurez peut-être envie de lever les yeux au ciel, tant le mois de mars est l’occasion de féminisme washing autour du 8 mars, journée internationale de lutte pour les Droits des femmes.

Le 6 mars dernier, l’Arcom (qui a succédé au CSA) a dévoilé les résultats de deux études sur la représentation des femmes dans les médias audiovisuels et dans les publicités télévisées. L’occasion de faire le point.

Étudier la place des femmes dans les médias, pourquoi c’est important ?

Sur le site de l’Arcom, on peut lire que l’une des missions de ses missions est « la juste représentation des femmes et des hommes sur les antennes et la lutte contre les discriminations en raison du sexe ». C’est en effet en mesurant et en donnant à voir les inégalités qu’on peut favoriser la prise de conscience et donc qu’on peut mieux agir et cibler les actions pour corriger les biais.

Si les études qui sont disponibles ont le gros défaut d’être extrêmement binaires (on ne parle que d’hommes et de femmes, sans nuances et surtout sans croiser avec d’autres données comme l’origine, la couleur de peau ou le milieu socio-économique), elles ont néanmoins le mérite d’exister et on devra bien s’en contenter.

Et donc, quelle est la place des femmes dans les médias pour l’année écoulée ?

Les avancées (pour la pub, je suis bluffée)

Si 2020 avait été une année particulièrement difficile pour la représentation des femmes, il s’avère que la situation progresse depuis 2021. La part des femmes est désormais, en 2022, de 44% de présence à l’antenne en moyenne (un peu moins en radio qu’en télé).

L’une des vraies bonnes nouvelles, c’est également que le taux d’expertes augmente. Il s’établit à 45 % du temps de parole dédié à l’expertise et à l’analyse, tous sujets confondus. C’est important, parce que pendant très longtemps, les experts qui donnaient leur avis et livraient leur analyse sur les sujets de société étaient très majoritairement des hommes (70 % du temps de parole dédié à l’expertise en 2016 !), tandis que la parole était plutôt donnée aux femmes pour des témoignages, des micros-trottoirs et autres temps de parole illustratifs des sujets expertisés, commentés et débattus par des hommes.

Sur ce point, je crois qu’on ne peut que saluer le travail de fond et de militantisme de l’association Prenons la Une qui milite « pour une juste représentation des femmes dans les médias et l’égalité dans les rédactions » et de l’annuaire Expertes.fr dont l’objectif est de fournir un contre-argument documenté à tous les rédacteurs en chef qui avaient pour habitude de répondre « on veut bien inviter plus de femmes, mais il n’y a pas d’expertes sur ce sujet »… (d’ailleurs, si toi qui me lis tu as une expertise dans un quelconque domaine, tu peux t’inscrire dans cet annuaire pour y figurer et ainsi être appelée dans les médias !)

La deuxième étude s’attache à la représentation des femmes dans les publicités télévisées. Et là, j’admets une très grande surprise… d’autant plus grande que je ne regarde plus la télévision depuis des années et que je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemblent les pubs à la télé de nos jours… et il s’avère que les représentations ont clairement évoluées dans le bon sens :

  • Les femmes sont désormais un peu plus que majoritaires dans les représentations genrées des publicités (ce qui s’approche de la réalité de la société où les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes) ;
  • Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans des activités scientifiques ou au volant d’une voiture (j’ai presque envie de me faire une séance de binge watching de publicité pour voir ça par moi-même !) ;
  • Les hommes sont majoritaires dans les activités de ménage et seuls auprès des enfants (Whaaaaat ?) !

Les « peut mieux faire »

Au vu de ces seuls chiffres, on pourrait se dire que la partie est gagnée et que l’égalité des femmes et des hommes dans les médias est acquise, bravo, merci.

Mais si la présence des femmes progresse, en revanche, le temps de parole des femmes, lui, ne progresse pas du tout. Elles ne parlent que 36 % du temps d’antenne… (Paf, chute de mon taux de dopamine).

C’est extrêmement important de regarder les deux chiffres (taux de présence et temps de parole), car le temps de présence augmente plus rapidement que le temps de parole… Mécaniquement, ça veut donc dire que les femmes parlent moins, individuellement… ce qui n’est clairement pas une bonne nouvelle (hello, l’invitation plateau pour faire illusion et donner un gage de bonne foi) !

En complément, les femmes sont encore très largement sous-représentées dans les analyses politiques et ne représentent que 29 % des temps de parole dédiés à la politique. La politique à la télé, ça reste une histoire d’hommes… et « ça va bien s’passer » comme dirait l’autre (mais si vous savez, qui).

Sans surprises, le domaine où les femmes sont le plus sous-représentées, c’est le sport avec seulement 11 % de temps de parole et 21 % du taux de présence. Le chemin est donc encore très long à parcourir. L’étude rapporte même que les hommes commentent le sport masculin et féminin alors que les femmes ne commentent que très peu le sport masculin (9 %).

L’Arcom note également que les stéréotypes de genre sont encore très présents et que les femmes restent bien plus sexualisées que les hommes (on n’en doutait pas).

Des déséquilibres aussi entre les médias

Évidemment, selon les chaînes de télé, les écarts sont importants. Si France 2 affiche 52 % de temps de parole de femmes, elles ne sont plus que 35 % à s’exprimer chez TF1… En revanche, l’écart est moins flagrant en radio où la tendance s’échelonne à 43 % de temps d’antenne pour les femmes sur France culture et 36 % chez France info.

La pub pour les jouets plombe encore plus ce bilan

Côté pub, le marketing genré a de beaux jours devant lui. (On passera évidemment sur l’idée que des jouets peuvent être genrés, hum, hum)…

Le rose n’est utilisé qu’exclusivement pour les filles et représente 52 % des couleurs de publicités de jouets visant les filles (et 22 % de violet).

Les garçons bénéficient de plus de diversités en ce qui concerne les couleurs pour les jouets qui leur sont marketés et je remarque que les couleurs des jouets qui se veulent « neutres » tendent plus vers les couleurs utilisées pour les garçons que vers celles qui visent exclusivement les filles (on nous bassine sans cesse avec l’idée que le masculin est neutre en grammaire – ce qui est faux -… cela se retrouve dans le choix des couleurs du marketing pour enfant !).

Pistes pour améliorer la place des femmes dans les médias

L’Arcom préconise des pistes d’amélioration comme :

  • Définir des objectifs chiffrés de progression ;
  • Veiller à la représentation des femmes dans les programmes sportifs ;
  • Faire évoluer le traitement médiatique des affaires de violences faites aux femmes (ce qui n’était pas l’objet de ces études, mais on peut saluer l’initiative d’avoir glissé ça là !) ;
  • Évaluer la part des femmes aussi derrière les caméras (et je ne peux qu’approuver, tant cela contribuerait aussi à diversifier les regards !).

Pour ma part, évidemment, je ne peux que déplorer l’absence de statistiques sur d’autres biais de représentation. Je ne peux qu’imaginer que si la part globale des femmes progresse tant en taux de présence qu’en temps de parole, c’est surtout la part des femmes blanches, valides et de milieux socio-économiques favorisés qui progresse. Si on avait des statistiques sur ces sujets-là, on pourrait mesurer la réelle progression de la représentativité des médias.

Et qui sait, peut-être que les statistiques démentiraient mon impression générale, comme cela a été le cas pour l’évolution de la publicité ? (oui, j’en doute fort, mais sait-on jamais ?)

 

Et on fait quoi maintenant ?

Si ces chiffres sur la place des femmes et leur temps de parole dans les médias t’ont motivée à prendre toi-même plus souvent la parole dans ta sphère pro ou militante, tu peux télécharger mon guide pour « Oser prendre la parole au travail ». Ça ne fera pas de toi demain une oratrice de génie qui court les plateaux pour partager son expertise, mais il te donnera des conseils pratiques et efficaces pour faire un premier pas pour faire entendre tes idées et défendre tes projets !

Pour aller plus loin, télécharge le Guide pour oser prendre la parole au bureau

Page de couverture du guide Prendre la parole au bureau - le guide pour oser
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