fbpx

février 20, 2020

Comment faire une présentation orale sans se perdre dans ses notes ?

by Maïka Billard

J’ai entendu cette histoire dans une infinité de variations.

Vous aviez passé des heures à faire un beau PowerPoint bien amené, avec des chiffres, des arguments, des résultats, des belles illustrations. Sur le papier, vous étiez super fière de vos notes de présentation.

Et le jour J devant votre boss et vos collègues, au beau milieu de votre présentation orale, votre collègue Fred, qui a toujours un avis sur tout, vous a interrompue pour poser une question qui vous a déstabilisée. Vous aviez la réponse, mais sortie du contexte vous ne pouviez pas la donner comme ça ; ou alors la question portait sur un point présentant une légère faiblesse dans votre argumentaire et la façon qu’a eu Fred de poser la question donnait l’impression que c’était énoooorme ; ou encore, la réponse vous a emmenée dans une telle digression que vous avez complètement oublié d’où vous étiez partie !

Après l’interruption, vous ne saviez plus où vous en étiez et vous avez passé un moment qui vous a paru interminable à vous perdre dans vos notes, à chercher votre phrase sur votre papier pour reprendre votre présentation au bon endroit.

Cette angoisse de perdre le fil quand on doit prendre la parole en public, de s’embrouiller dans nos explications, de ne plus retrouver où on en était dans nos notes… c’est une angoisse très commune et partagée. Ces quelques secondes secondes de flottement très désagréables paraissent des heures. On cherche fébrilement dans nos notes, on bégaye, voire on rougit… bref, c’est l’angoisse absolue et on ne veut jamais avoir à (re)vivre ça !

Après coup, on s’en veut beaucoup et on se demande « Mais comment font les autres pour ne pas se perdre dans leurs notes et enchaîner à chaque fois parfaitement ? ».

Comment éviter de me perdre dans mes notes ?

Tout était là, juste là. Si seulement vous ne vous étiez pas emmêlée les pinceaux dans vos notes ! Tout était pourtant parfaitement bien rédigé, avec des liens logiques, un argumentaire soigné, une démonstration béton et des chiffres à l’appui.

Et si le problème venait justement de ces fichues notes ?

Vous avez l’impression de ne pas pouvoir faire sans, et pourtant c’est justement elles qui vous empêchent d’être à l’aise. Car loin d’un être filet de sécurité, ces notes sont en fait une camisole qui entrave votre liberté.

Vous êtes cantonnée à les suivre, il n’y a pas de marge de manœuvre. Si vous levez la tête pour regarder votre auditoire, vous devez retomber parfaitement sur la ligne que vous avez quittée des yeux pour pouvoir lire la suite.

Et si par bonheur vous aviez mémorisé l’essentiel du texte, ça se retourne contre vous à la moindre absence ou interruption parce que vous ne savez plus où vous en êtes. Selon une improbable loi de l’univers, vous ne retrouvez jamais la ligne (ou pire, la page) du premier coup et si vous avez sauté un paragraphe, impossible de réfléchir à réordonner l’argumentation tout en cherchant la ligne et en improvisant les enchaînements. Pour peu que vous ayez imprimé le tout en recto verso (la planète vous dit merci) vous voilà à tourner et retourner les pages, vos mains commencent à trembler, vous ne voyez même plus le texte, et vous voilà en solo sans filet à regarder votre PowerPoint pour improviser maladroitement la suite (et là vous maudissez le recto verso).

OK, mais j’y vais sans rien, comme ça direct dans le grand bain ?

Non, évidemment, non.

Lors de votre intervention, il vous faut un filet de sécurité, un vrai. Celui qui vous permet d’avancer sans entraver vos mouvements. Celui qui est là pour vous rattraper et qui vous permettra de continuer votre présentation sans vous perdre, sans vous enfermer dans un carcan.

Ce qu’il faut savoir pour ne pas se perdre dans sa présentation orale

Et ce filet de sécurité, ce n’est pas un discours écrit mot à mot. Ce sont des « éléments de langage ». Oui, ça fait très pompeux dit comme ça. Dans le jargon, on dit même des « EdL ».

OK, mais c’est quoi des « éléments de langage » ? En politique, ce sont des petits bouts de phrases construits en amont et sur lesquels une personne ou même un groupe de personnes (un groupe de parlementaires, par exemple, ou l’ensemble des ministres d’un gouvernement) va s’appuyer pour parler « spontanément » d’un sujet ou répondre aux questions des journalistes. Ce ne sont pas des discours tous construits, juste des bouts de phrases, des éléments clefs à placer. Vous savez, ce sont ces bouts de phrases identiques qu’on entend prononcés par une ministre sur une chaîne, puis qu’on retrouve dans la bouche d’un député de la majorité sur une autre chaîne, et encore le lendemain par un « proche de l’Elysée » à la radio…

L’avantage des EdL, c’est qu’il n’est pas besoin de les lire mot à mot, ce sont juste des éléments. C’est plus facile à retenir et à mixer dans un ordre ou l’autre. Si l’émission Quotidien s’est fait une spécialité de les relever et d’en faire des montages savoureux qui tendent à décrédibiliser le discours politique (obligeant les conseillers et conseillères com’ des politiques à écrire plusieurs versions d’éléments de langage), la technique est néanmoins redoutablement efficace pour pouvoir prendre la parole rapidement sur un sujet, sans y passer des heures de préparation intense.

Oui, mais moi je suis pas une politique, en quoi ça m’aide ?

8 étapes pour l’antisèche de la présentation parfaite

L’idée, c’est de s’inspirer de la technique des éléments de langage pour préparer votre prochaine présentation.

  • Lorsque vous construisez votre intervention, faites un plan détaillé (si ça vous rassure, vous pouvez l’afficher sur votre PowerPoint, mais ce n’est pas obligatoire).
  • Listez ensuite les idées qu’il faudra aborder dans chaque partie et chaque sous-partie. Faites des listes à puces, dans un ordre logique.
  • Écrivez votre conclusion, puis votre introduction.
  • Écrivez également vos transitions si besoin (des plus élaborées au plus simples telles que « je voulais aussi vous dire que…, à noter également… »).
  • Faites une belle mise en page. Les titres en couleur vous permettront de mieux distinguer le plan. Et une police de caractère en 14 ou 16 vous permettra de lire correctement, même de loin.
  • Apprenez par cœur votre intro et votre conclusion.
  • Entre les deux, vous naviguerez à vue entre vos listes à puces en suivant vos transitions.
  • Entraînez-vous.
  • Le jour J, posez vos notes sur la table, ne les gardez pas à la main…
  • Ça libérera vos mains et vous évitera de vous crisper dessus.

En avant pour une prise de parole fluide

En ne passant pas trop de temps à écrire chaque mot de votre présentation orale, vous avez dégagé du temps pour vous entraîner un peu plus pour votre oral, et ce avec un support visuel clair et facile à manier qui vous évitera de vous perdre.

Comme il est plus facile de retenir des éléments en liste que tout un discours, vous retiendrez mieux l’enchaînement des idées. Vous aurez alors encore moins besoin de vous raccrocher à votre fiche. Votre intervention sera structurée et vous parlerez plus naturellement.

En cas de besoin, le jour J, en un coup d’œil, hop, vous pourrez raccrocher le point suivant avec la phrase de transition préparée à l’avance. Tranquillement, sans affolement, sans moment de solitude interminable.

Votre fiche bien ficelée vous apportera bien plus de sérénité que 4 pages rédigées mot à mot tout en noir sur fond blanc avec seulement des interlignes entre les paragraphes pour vous repérer.

Et si par malheur la question de Fred vous déstabilise malgré tout, ce sera plus facile de vous y retrouver avec une seule fiche que dans 4 pages de texte et vous pourrez rebondir plus facilement sans ajouter du stress au stress (et vous trouverez ici quelques conseils pour ne plus se faire interrompre par Fred, la prochaine fois…).

Effet bonus

Autre bénéfice non négligeable, en ayant les mains libres, vous aurez une meilleure posture et la colonne d’aire dégagée. Permettre à votre corps de s’oxygéner correctement sera un atout considérable pour canaliser votre stress lors de votre prochaine prise de parole en public.

Étape par étape, vous gagnerez en aisance et vous paverez le chemin d’une meilleure reconnaissance de votre travail.

Et vous, vous avez d’autres astuces ? Partagez-les dans les commentaires ?

Pour aller plus loin, télécharge le Guide pour oser prendre la parole au bureau

Page de couverture du guide Prendre la parole au bureau - le guide pour oser
{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}

Vous pourriez aimer les articles suivants : 


C’est quoi une prise de parole engagée ? Et ça veut dire quoi prendre la

Prendre la parole pour défendre une cause – pourquoi et comment ?

Quand les femmes prennent la parole en public, elles rencontrent des difficultés spécifiques et doivent

Prendre la parole en public : 6 stratégies pour les femmes qui veulent être entendues

Si je vous dis « parole des femmes et médias » ou « représentation des femmes dans les

La parole des femmes dans les médias

Prendre la parole en public est un défi intimidant. Savoir faire face au stress et

Top 3 des conseils à éviter pour prendre la parole en public

S’affirmer à l’écrit… pas si facile ! Vous est-il déjà arrivé de ne pas savoir

S’affirmer à l’écrit

On s’est toutes un jour demandé « comment convaincre cette personne de travailler avec moi/de m’embaucher ? ».

Faire un bon pitch : 3 techniques pour gérer mon mental
>