Prendre la parole en public est un défi intimidant. Savoir faire face au stress et livrer une présentation efficace peut être écrasant. Un réflexe de notre époque est de se tourner vers un moteur de recherche (ou une intelligence artificielle, soyons dans l’air du temps) à la recherche de conseils pour prendre la parole.
Hélas… certains de ces conseils, parmi les plus répandus (double hélas), sont complètement contre-productifs et sont à leur tour sources de difficultés.
Il y’a 3 conseils que j’entends parfois être répétés par mes étudiant·es ou les stagiaires des formations que je donne… entendus de la part de personnes bien intentionnées mais que je ne peux plus entendre et que je combats férocement (oui, au moins, j’ai le sens de la mesure). Le pire, c’est que je les lis aussi parfois sur les sites de grands noms de la com’.
Voyons donc quels sont ces conseils farfelus qu’il faut éviter absolument si on veut être efficace et à l’aise quand on prend la parole devant un public, et notamment au bureau.
Répéter une prise de parole devant le miroir, bon ou mauvais conseil ?
Contrairement à ce qu’on peut avoir spontanément tendance à faire et que certain·es conseillent, répéter devant le miroir n’est pas une bonne idée.
En effet, un peu comme le retour caméra des appli de visio nous perturbe et nous met dans un état de surconscience de notre apparence physique, comme l’expliquait Welcome to the Jungle en 2022, répéter devant un miroir peut nous faire perdre en naturel et en spontanéité. A trop se concentrer sur notre apparence, nos mimiques, notre gestuelle on met l’accent sur la forme du discours plutôt que sur le fond et on perd de vue l’interaction avec le public.
Et en tant que femme, on subit déjà tellement d’injonctions sur notre physique, notre apparence, nos tenues ou encore sur le fait qu’il est de bon ton d’être souriantes… pas la peine de s’ajouter du stress en s’observant répéter devant un miroir.
Ok, mais que faire à la place ?
Préférez la préparation mentale
Si l’objectif est de répéter pour ne pas oublier et pour adopter la bonne attitude, alors il est préférable de travailler sur la préparation mentale plutôt que de répéter mécaniquement un discours devant un miroir. Visualiser sa prise de parole, son environnement, s’imaginer (mais en détails, pas juste comme ça rapidement) en train de parler devant le public avec confiance et clarté sera plus bénéfique pour le cerveau et la gestion du stress, à la manière de la préparation mentale des grandes sportives.
Bertrand Périer, avocat et professeur d’art oratoire médiatique précise, dans son livre La parole est un sport de combat : « En amont de la prise de parole, se voir parler, s’imaginer : « Je vais monter à la tribune, mettre mes mains de chaque côté du pupitre, je vais respirer et parler. »
Pour une prise de parole du quotidien, cela pourrait donner « je serai assise en salle de réunion, big boss sera en face de moi, je serai assise le dos droit, je vais prendre une grande inspiration et commencer par ma phrase d’accroche… ».
Imaginer son auditoire aux toilettes (ou en sous-vêtements)
Qui n’a pas déjà entendu ce conseil pour dédramatiser sa prise de parole ? C’est amusant et on peut légitimement se dire que ça dédramatise un peu… sauf que concrètement, est-ce que ça a vraiment aidé quelqu’un un jour ?
Franchement ?
Non, pas sur le long terme en tout cas. On ne bluffe pas notre cerveau avec un tour aussi farfelu. Sans compter que cela joue avec la dignité des personnes qui écoutent et qu’elles n’apprécieraient pas tellement de savoir qu’elles sont littéralement déshabillées du regard.
Et évidemment, en tant que femme, je ne peux que désapprouver ce conseil qui met mal à l’aise.
Une meilleure astuce ?
Utiliser plutôt la technique des posture de pouvoir
Si l’objectif est de diminuer le stress et éviter d’être impressionnée par les personnes en face pendant qu’on prend la parole et de se sentir en confiance, une bonne technique est celle proposée par la psychologue sociale Amy Cuddy qu’elle a rapporté dans son TED talk en 2012. Elle a démontré que le corps rétroagit sur le cerveau et que l’on pouvait utiliser cela à notre avantage en adoptant un langage corporel de puissance. Ainsi, adopter la posture d’une Wonder woman (les mains sur les hanches, les jambes légèrement plus écartées que le bassin) pendant 2 minutes avant de prendre la parole diminue notre dose de cortisol (hormone du stress)
Alors, avant une prise de parole ou une réunion importante, il vaut mieux s’isoler dans un coin et adopter une posture de pouvoir pendant deux minutes et se détendre en s’oxygénant le cerveau et les muscles. Cela aide à se sentir plus en contrôle et plus à l’aise.
Apprendre sa présentation par cœur
Si apprendre par cœur peut sembler être une bonne idée pour être sûre de ne rien oublier, c’est pourtant un très mauvais conseil pour prendre la parole et une très mauvaise idée qui nous vient de nos années scolaires où le par cœur était valorisé.
Sauf qu’en milieu pro, non seulement ça peut faire perdre en spontanéité et en naturel, mais en plus, en cas d’imprévu, ou de réaction inattendue de la part de celles et ceux qui écoutent, le risque est grand de perdre le fil et ne pas savoir s’adapter ou rebondir. Apprendre par cœur, « c’est le meilleur moyen de se prendre les pieds dans le tapis« , selon Eric Salomon, auteur de La méthode Winning pitch.
Préférer l’improvisation contrôlée
Tout n’est pas à jeter dans le fait d’apprendre par cœur, évidemment. Car connaître son sujet est indispensable (quoi que… vu le nombre de personnalités politiques qui ne savent pas de quoi elles parlent, on est droit de douter, mais là n’est pas le sujet…). L’idéal, c’est en de connaître la structure de notre intervention, les points principaux et leur logique.
Lorsque l’on maîtrise le contenu, alors nul besoin de savoir mot pour mot ce que l’on va dire le moment venu. Connaître les grandes lignes, et leur enchaînement permettra d’être plus fluide et laissera de la marge pour improviser et s’adapter au public en fonction des réactions et des questions posées.
Voilà le panorama top 3 des pires conseils pour prendre la parole en public. On peut désormais les jeter à la poubelle et se concentrer sur des méthodes efficaces.
Prendre la parole au travail : le guide pour oser
Si cet article vous a convaincue, la prochaine étape, c’est de passer à l’action.
Pour ma part, ça commence par un passage au tutoiement, parce que pour oser prendre la parole, je préfère faire tomber la barrière du vouvoiement qui met à distance « .
Et si tu veux apprendre des stratégies pour oser prendre la parole au travail, ou lors des réunions de l’association dont tu es membres, ou lors de ta prochaine AG de copro (yark) tu peux télécharger mon guide « Prendre la parole au bureau, le guide pour oser ».
Tu y trouveras 4 stratégies méconnues, mais très efficaces pour oser prendre la parole et le faire plus efficacement. Garantie : zéro conseil réchauffé ou bateau.